Tina Kambani à Perpignan
1/3/2023
1985-2023
Ça fait 38 ans
Ça a commencé à Paris en 1980
Ça continue à Perpignan en 2023
Sans boussole
Ou comme un poisson hors de l’eau
Qui se bat et qui se cogne la queue jusqu’à rendre l’âme
Quelle joie quand le poisson mord l’appât
Οn tire brusquement et hop
Moi aussi j’ai mordue l’appât plusieurs fois
Quelle joie!
Autant de me battre on me remettait à l’eau, plouf
Finalement j’ai su survivre.
En m’éloignant de l’eau
Ou en prenant le large aux quatre horizons
Je savais tracer la route, utiliser la boussole bien sûr
Mais le « klinamen » m’emmenait ailleurs
J’étais une grande sportive, pas de culture artistique
Je suis devenue artiste peintre, École des Beaux-arts de Paris
Mais où mettre le cap?
Que peindre?
Vite je veux être une grande peintre faire de grandes peintures
Avec des gros pinceaux trempés dans des grands seaux de peinture
Plaf plaf
Pollock, De Kooning avec son grand atelier à côté de la mer
Se baladant avec son chien
Je l’ai fait
J’ai eu un chien Sampson
J’ai louée une maison au bord de mer en Bretagne 1981-83
La mer qui partait loin
Les bateaux allongés sur le sable
La marée haute marrée basse
La cheminée qui fumait avec le vent
Les araignées qui faisaient des trous aux quatre coins des murs
Les arbres en pleine lune
Seule pleurant le divorce de mes parents
Des odeurs familiers qui me manquaient
Je voulais peindre l’amour, la passion érotique
Pas de barques pas de bateaux
Je me battais je me cognais
Mais je n’étais pas Joan Mitchell
Ni Pierre Alechinsky ni Bram Van Velde
Que peindre?
J’aime la couleur la mer et la musique
Je veux le tableau qui soit mon bateau et moi le capitaine
Qui soit mon orchestre et moi le maestro
Je veux que mes pinceaux plongent dans les seaux de couleurs
Et comme un Samouraï avec son sabre
Donner des coups de pinceaux précis et exacts
Je veux que mon tableau joue du violon comme Hilary Hahn
Je veux qui bouge, qui danse, qui navigue dans la tempête
Voir le fond de la mer ensemble
Les lignes de l’horizon
La joie du voyage
Tracer des routes
Ecouter le vent, les vagues
Et la solitude du navigateur
De l’amoureux rester à terre
De l’enfant qui attend sa mère
Je peins des bateaux, des barques, des ports
Je sens l’odeur des mains de mon père
Qui plongeait dans la mer pour réparer le moteur du bateau
Ou pour décrocher l’ancre dans les ports
Je peins des paysages pour retrouver l’odeur de la terre après la pluie
L’émerveillement du premier regard
Des portraits pour trouver la passion de l’être humain ou animal
Tracer les chemins de vies d’amis chers
Et les années qui passent
Les déménagements
Mes parents qui sont plus là
Mes deux fils
Mes amoureux
Mes amis
Je ne serai pas arriver ici aujourd’hui au Château Royal de Collioure sans votre soutient
Merci
Tina Kambani à Perpignan le 1/3/2023